© Stéphane Granzotto

Truite à remonter le temps

Le photographe Stéphane Granzotto nous fait visiter les eaux claires de son enfance. Une plongée rafraîchissante dans la chambre nuptiale des truites lacustres.

Le photographe Stéphane Granzotto nous fait visiter les eaux claires de son enfance. Une plongée rafraîchissante dans la chambre nuptiale des truites lacustres.

D’où vient mon faible pour les eaux douces ? Sans doute de ce beau ruisseau qui coule dans le jardin de la maison familiale. Déjà quand j’étais enfant, le petit monde mystérieux qui peuple ce royaume subaquatique attisait ma curiosité. Je crois que j’ai appris à nager en même temps qu’à marcher. Naturellement, je me suis mis à la plongée, puis la photographie a suivi pour immortaliser mes rencontres.

Parmi les créatures qui peuplent mes rêves, la truite lacustre est ma nymphe préférée, mon Graal. Sa rareté et ses mœurs particulières la rendent difficilement accessible. Ce poisson majestueux, très proche de la truite de rivière, dépasse parfois un mètre de long. Il passe le plus clair de son temps enfoui dans les profondeurs de quelques grands lacs de l’arc alpin. Un environnement difficile où il est impensable de le photographier.

Année après année, ce rendez-vous aquatique est devenu mon rituel d’automne.

Heureusement, entre octobre et décembre, alors que raccourcissent les jours et refroidissent les eaux, ces sirènes refont magiquement surface. En obéissant à leur instinct millénaire, les truites lacustres quittent les lacs et remontent leur rivière natale pour frayer. Aux aguets dans les flots glacés, c’est à ce moment que je plonge pour les photographier. Année après année, ce rendez-vous aquatique est devenu mon rituel d’automne.

Pour les truites lacustres, le retour dans le cours d’eau où elles sont nées est un voyage à remonter le temps parfois long de plusieurs dizaines de kilomètres. Je me revois gamin, lorsqu’aux premières crues d’automne je les attendais près de la rivière pour les voir franchir la cascade en sautant.

Une fois repérées, je les observe pendant des heures.

Plus aguerri aujourd’hui, je les suis à pied en longeant la rive, ou alors je remonte le courant avec elles à coups de palmes. Une fois repérées, je les observe pendant des heures, espérant surprendre une femelle qui commence à creuser le fond graveleux. Pour faire son nid, elle choisit minutieusement son endroit, selon la granulométrie des sédiments et le courant. Puis, en s’aidant de sa nageoire caudale, elle déplace jusqu’à plusieurs kilos de galets pour créer la dépression qui abritera le frai.

Aguiché par les hormones lâchées par sa muse, le mâle ne perd pas une miette de la scène et talonne sa partenaire tout en tenant à distance les autres concurrents. A ce jeu-là, le plus gros est souvent le vainqueur et a le droit de répandre sa semence à l’instant même où la femelle éjecte ses ovules.

Après avoir recouvert les œufs fécondés de graviers, les truites lacustres les abandonnent à leur destin et retournent s’enfouir dans les tréfonds des lacs.

Démarche limpide

Malgré l’excitation qui les enivre, les truites lacustres sont extrêmement craintives et fuient au moindre mouvement. Pour les photographier tout en respectant leur intimité, il est indispensable de connaître le cours d’eau et les sites de frai propices. Stéphane Granzotto utilise un appareil photo placé dans un caisson étanche et relié à une télécommande. Il peut donc déclencher son reflex en restant hors de l’eau. Parfois, le photographe s’immerge prudemment dans l’eau glacée en combinaison de plongée étanche.

Truite à remonter le temps - La Salamandre
Stéphane Granzotto

Stéphane Granzotto

Cinéaste et photographe professionnel, Stéphane Granzotto est dans son élément surtout lorsqu’il plonge. Réputé pour ses images de cachalots, il se ressource régulièrement en eau douce avec son boîtier toujours à portée de clic.

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Couverture de La Salamandre n°242

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 242  Octobre - Novembre 2017

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