© Andrew Lawson / Biosphoto

Pourquoi les plantes envahissantes progressent tant ?

Le point sur la question des plantes envahissantes avec Jean-Christope Vié, directeur adjoint du Programme mondial pour les espèces et directeur de SOS – Save Our Species – à l’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature.

Le point sur la question des plantes envahissantes avec Jean-Christope Vié, directeur adjoint du Programme mondial pour les espèces et directeur de SOS – Save Our Species – à l’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature.

Pourquoi les plantes envahissantes sont-elles chaque printemps plus nombreuses ?
Jean-Christophe Vié

C’est en cette saison de repousse que la progression des plantes envahissantes est la plus flagrante, mais il en arrive sans cesse de nouvelles. Elles sont de plus en plus nombreuses à proliférer en déséquilibrant les éco­systèmes locaux.
Ces plantes sont souvent introduites par l’homme, intentionnellement ou accidentellement quand leurs graines s’invitent par exemple dans les containers et autres soutes. Elles doivent leur succès à divers facteurs : absence de parasites naturels, grande souplesse d’adaptation, reproduction rapide… Le séneçon du Cap par exemple produit plus de 10 000 graines par tête florale. La renouée du Japon se multiplie via des clones vigoureux de ses tiges souterraines… On compte aussi parmi les envahissantes des espèces locales qui prolifèrent suite aux perturbations répétées de leur environnement. L’intensification des pratiques agricoles profite ainsi au cirse des champs.

N’est-ce pas un problème vieux comme le monde ?

Les espèces végétales ont toujours colonisé de nouveaux milieux via le vent, l’eau ou les animaux. Mais l’homme a radicalement changé la donne avec ses voyages à travers le monde. L’augmentation des flux commerciaux planétaires multiplie les risques de transferts d’êtres vivants. Et la fragilisation générale des écosystèmes favorise les espèces envahissantes de toutes sortes, végétales ou animales. C’est devenu une des raisons principales de la disparition du vivant sur notre planète ! En plus, de nombreuses espèces invasives causent des préjudices sanitaires et économiques. Je pense par exemple au pollen allergène de l’ambroisie ou à la berce du Caucase qui est phototoxique et rend les champs incultivables.

Que peut-on faire contre les espèces envahissantes ?

La gestion de ces espèces est un défi majeur dans un monde interconnecté et nécessite un important dispositif de prévention et de surveillance. En dernier recours, il est nécessaire de procéder à l’éradication par voie chimique ou mécanique. Hélas, quand les impacts d’une plante sont documentés, il est souvent déjà trop tard. Il est nécessaire d’améliorer les outils législatifs et politiques pour limiter la commercialisation des espèces suspectes.

Je suis convaincu que la sensibilisation du grand public est essentielle. Qui se doute par exemple que l’exotique buddléia (> photo en tête d'article) vendu comme un arbre à papillons providentiel est une menace pour la biodiversité locale ? Les plantes indigènes ne sont pas assez mises en avant dans les jardineries alors qu’elles sont tout aussi belles. Dommage, car la nature nous offre le bonheur à portée de main...

Néophyte

nom féminin

Au sens premier, espèce végétale introduite hors de son aire de répartition naturelle, volontairement ou accidentellement. Du grec neo pour nouvelle, et phyton pour plante. L’exotique peut prendre un caractère envahissant quand elle parvient à se répandre massivement aux dépens des espèces indigènes. Elle est alors inscrite sur une liste noire qui recense les organismes causant des dommages biologiques, sanitaires ou économiques et dont il faut limiter l’expansion. Mais toutes les néophytes ne sont pas envahissantes. Et toutes les envahissantes ne sont pas exotiques. On distingue en effet néophytes envahissantes ou envahissantes exotiques et envahissantes indigènes.

Découvrez d'autres plantes envahissantes dans notre Miniguide Plantes envahissantes.

Couverture de La Salamandre n°227

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 227  Avril - Mai 2015
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FAQ nature

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