© Guillaume Cannat

Photographe et chasseur d’étoile

Guillaume Cannat adore se perdre dans les étoiles. Il n’hésite pas à braver le froid par amour de la belle Vénus.

Guillaume Cannat adore se perdre dans les étoiles. Il n’hésite pas à braver le froid par amour de la belle Vénus.

Janvier 2017, deux heures du matin, -22 °C. Je n’ai vraiment rien vu venir. Je marchais lourdement, des sacs photo sur le dos et dans chaque main. Avançant pas à pas dans la neige, je m’éloignais de la berge du lac des Pises, au cœur du parc national des Cévennes, quand d’un coup je me suis retrouvé allongé de tout mon long, la figure plantée dans la neige ! Je n’ai pas fait le moindre geste pour me retenir ou parer ma chute, je n’ai pas eu le temps.
Quelques heures plus tôt, j’étais arrivé sans trop de peine jusqu’à l’observatoire astronomique voisin, malgré les congères qui épaississaient les pistes forestières. Je voulais atteindre l’autre rive du lac, face à la planète Vénus, dans le ciel crépusculaire. L’étoile du Berger n’avait plus été aussi éclatante depuis des mois et j’espérais photographier son reflet puissant sur la couche de glace qui figeait le lac. J’avais donc jeté une quarantaine de kilos de matériel sur mon dos et traversé la lande enneigée, descendant tranquillement vers la surface lisse du lac tachetée de petites dunes de poudreuse.

L’atmosphère était d’une pureté sortant de l’ordinaire et le manteau blanc reflétait des teintes crépusculaires rosées alors que j’installais mes appareils en direction de l’ouest. Dans la clarté déclinante, Vénus devenait de plus en plus brillante et faisait naître en moi un trouble délicieux. Immobile dans la nuit étoilée, environné par les grincements lugubres de la chape de glace qui emprisonnait le lac et se déformait sous l’assaut des bourrasques, j’avais l’impression de m’être soudain éloigné du Soleil au point de contempler son éclat amoindri depuis l’une des lunes de Saturne ou d’Uranus. Le brasier vénusien éclairait l’obscurité, faisant luire le paysage enneigé. J’enchaînais les poses photographiques pour conserver le souvenir de ces instants hors du temps, hors du monde.
Après le coucher de Vénus, la nuit se para enfin d’un noir profond. Je restai un long moment à contempler le ciel, peinant à retrouver les constellations au sein de cette incroyable profusion stellaire. Puis, mes affaires rangées, je pris la piste du retour, progressant lentement jusqu’à l’instant où j’allais choir brusquement. Etourdi par ce retour brutal à la réalité, je me redressai sur les genoux et fixai la tache rouge qui grandissait devant moi dans la neige. La monture de mes lunettes m’avait entaillé le nez. En cherchant un mouchoir dans mon sac, je constatai que là aussi ma chute avait fait quelques dégâts : sorti de son logement, un objectif était venu briser l’écran de contrôle de l’un de mes boîtiers. Conscient du froid qui m’engourdissait, je rechargeai mon paquetage et repris prudemment le chemin du retour.

Vénus, déesse céleste

Deuxième planète du système solaire en partant du centre, Vénus est aussi le troisième astre le plus brillant, visible depuis la Terre, après le Soleil et la Lune. Populairement surnommée étoile du Berger, c’est aussi la planète qui peut passer au plus près du globe terrestre. L’éclat solaire qu’elle réfléchit vers nous est alors maximal. Si en janvier 2017 il fallait contempler Vénus dans le ciel du soir, en décembre 2018 et en janvier 2019 elle donnera toute sa puissance à l’aube. Eloignez-vous des lumières urbaines pour l’admirer deux heures avant le lever du jour, loin au-dessus de l’horizon direction est-sud-est.

Mais que font les animaux la nuit ? La réponse dans notre dossier Bonjour la nuit !

Guillaume Canat, photographe et chasseur d'étoile à la recherche de Vénus

Guillaume Cannat

Né en 1962 à Paris, Guillaume est un chasseur d’étoiles. Il habite non loin du parc national des Cévennes où, la nuit venue, le ciel se remplit encore de milliers d’astres étincelants. Un paradis pour ce photographe céleste.

Le ciel à l’œil nu en 2019

Mois par mois les plus beaux spectacles Guillaume Cannat

Amds éditions, septembre 2018 144 pages, 19.90 euros

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Couverture de La Salamandre n°249

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 249  Décembre 2018 - Janvier 2019, article initialement paru sous le titre "Une nuit avec Vénus"
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