© Benoît Renevey

Cet article fait partie du dossier

La vie en roses

Oser les lianes, tenter les buissons

Place à l'exubérance au jardin ! En pleine terre comme en jardinière, au soleil et même à l’ombre, en lianes comme en couvre-sol : il existe des rosiers anciens ou sauvages pour chaque situation. Démonstration.

Place à l'exubérance au jardin ! En pleine terre comme en jardinière, au soleil et même à l’ombre, en lianes comme en couvre-sol : il existe des rosiers anciens ou sauvages pour chaque situation. Démonstration.

Un jardin écologique fait la part belle aux plantes et aux arbustes indigènes, mais on aurait tort de se priver pour autant de variétés horticoles ou exotiques, faciles à vivre et généreuses. Les roses anciennes et botaniques confèrent à ce titre un charme fou aux tonnelles et aux allées. Rosiers arbustes, rosiers grimpants, rosiers lianes... le choix est aussi vaste que les situations possibles.

Dénicher le bon coin

« L'altitude et les conditions microclimatiques du jardin sont les premiers paramètres à considérer », relève Alain Tschanz. Inutile en effet de planter à 800 mètres d'altitude un rosier sensible au gel ou à l'ombre un rosier qui vient du Sud. Le volume à garnir est le second critère décisif. « S'il s'agit de couvrir une façade, un rosier grimpant comme "Mme Alfred Carrière" fera parfaitement l'affaire, mais pour une petite pergola, on préférera une variété moins vigoureuse » , indique Alain Tschanz. Les rosiers arbustifs drageonnants – qui ont tendance à faire des rejets de souche – s'intègrent harmonieusement dans une haie champêtre, tandis que les rosiers lianes donnent une seconde vie aux arbres morts ou sénescents.

Guetter la floraison

Il est aussi important de choisir ses rosiers en fonction des autres plantes présentes au jardin. Comme la plupart des roses anciennes et sauvages ne fleurissent qu'une fois, il faut en effet tenir compte de la couleur de leur feuillage et de leurs rameaux, et les associer au mieux avec leur voisinage. « La floraison unique n'est pas un handicap, insiste encore Alain Tschanz, un jardin doit évoluer au fil des saisons. Au printemps, le rosier attirera les insectes, et, en hiver, ses fruits nourriront les oiseaux. » Au fait, existe-t-il un rosier qui reste beau douze mois par année ? « Rosa roxburghii normalis, un rosier botanique asiatique , répond sans ambages notre spécialiste. Il a de grandes églantines, un feuillage duveteux qui devient lumineux en automne, des gros fruits épineux et une écorce extraordinaire. » Et en plus, il résiste au froid !

Les règles d'or

Planter En mai, les rosiers sont vendus en container, et se plantent très facilement. Toutefois, mieux vaut attendre l'automne pour mettre en terre. De fin octobre à fin avril, les rosiers sont disponibles à racines nues : ils coûtent moins cher et leur reprise est souvent meilleure.

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

Dès réception du rosier, trempez-le dans l'eau pendant 2 heures après avoir retaillé un peu les racines. Creusez un trou dont le volume est de 30 % supérieur à celui des racines.

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

En climat froid, plantez de sorte que le point de greffe se situe 2 à 3 centimètres sous le niveau du sol. Tassez et arrosez copieusement. Ajoutez un peu de compost et buttez le rosier avec la terre restante.

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

Tailler Abstenez-vous de couper les fleurs fanées des variétés anciennes ou botaniques. Elles promettent une belle fructification. La taille des branches s'effectue à la fin de l'hiver, lorsque le gel n'est plus à craindre.

Il s'agira surtout d'ôter le bois mort et d'éclaircir la charpente pour favoriser la production de jeunes pousses et donner au rosier la forme souhaitée. En règle générale, on rabattra légèrement les branches les plus vigoureuses, alors qu'on taillera court les plus malingres, pour les stimuler.

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

Dans le cas des rosiers remontants arbustifs, on rabat ensuite la ramure de 50 %...

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

...alors qu'on se contente de la réduire d'un tiers chez les variétés à floraison unique.

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

La coupe se fait en oblique, au-dessus d'un bourgeon extérieur.

Dans le cas des rosiers grimpants, coupez à leur base le tiers des branches les plus vieilles. Il faut ensuite rabattre de 20 à 50 cm les branches conservées, en fonction du support et de la place disponible. Gardez les rameaux secondaires les plus beaux en les taillant à environ 10 cm de leur départ. Les autres sont à éliminer.

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© Antoine Richard

Bichonner Les rosiers sont assez gourmands. Par conséquent, apportez-leur une dose de compost bien mûr au printemps, au moment de la taille. On compte en général entre 500 g et un kilo de compost par m2. Les rosiers étant souvent dégarnis à la base, on peut les accompagner d'une plante couvre-sol, par exemple une lavande ou du géranium sanguin, ou épandre du bois raméal fragmenté. Ces couvertures freinent la croissance des herbes indésirables et maintiennent l'humidité du sol.

jardinage rosier sauvage schéma
© Antoine Richard

Multiplier Vu la faculté d'hybridation des rosiers, les professionnels multiplient rarement ces plantes par semis (hormis les espèces botaniques), car rien ne garantit que le jeune plant ressemblera à ses parents. Ils pratiquent en général la greffe en écusson sur des porte-greffes aux qualités reconnues. Certains rosiers botaniques et leurs hybrides peuvent aussi être facilement multipliés en prélevant les drageons qu'ils émettent à leur base. C'est le cas de Rosa pimpinellifolia, Rosa gallica et de nombreux rosiers sauvages américains.

Ravageurs et maladies

Entretien rosier sauvage maladies
Les coccinelles sont de précieuses alliées pour limiter l'invasion de pucerons sur ses rosiers. / © Benoît Renevey

Les pucerons Un rosier en bonne santé peut supporter vaillamment des attaques temporaires de pucerons. « Si un rosier très envahi donne des signes de faiblesse, aspergez ses branches avec un jet d'eau. Cela suffit à éjecter les pucerons. Du savon noir dilué ou un sel de potasse font également l'affaire. Par contre, ne traitez pas les plantes qui sont peu infestées : elles souffrent peu et la présence des pucerons permet aux prédateurs, comme les coccinelles, de se multiplier » , assure Alain Tschanz. Les larves de syrphes, petites mouches en costume de guêpe, et les chrysopes font également des ravages dans les rangs de ces indésirables. En bonne logique, plus le jardin est proche de l'état naturel, plus il abritera d'insectes et d'oiseaux susceptibles de limiter les dégâts des ravageurs.

Thrips, hannetons & Co Si les églantiers sauvages sont appréciés par une foule de petites bêtes, les roses anciennes obtiennent souvent le même succès. Plusieurs espèces de coléoptères, comme le hanneton horticole, dévorent volontiers le pistil et les étamines. Les thrips, minuscules insectes noirs et allongés mangent les pétales alors que les roses sont encore en bouton. A la période du colza, les méligèthes envahissent égalemnt les corolles. « Il n'y a pas grand-chose à faire. Il faut apprendre à tolérer ces petites incursions, car elles ne durent jamais longtemps » , insiste Alain Tschanz. Identifier et connaître ses ennemis est aussi la meilleure façon de les combattre. On pourra ainsi favoriser leurs prédateurs naturels ou, si notre seuil de tolérance est franchi pour de bon, utiliser les produits bio les mieux adaptés pour en venir à bout.

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Sur les rosiers, l'oïdium se manifeste sur les jeunes feuilles et les boutons et touche particulièrement les plantes qui souffrent de soif avant la floraison. C'est souvent le cas des rosiers grimpants sur les façades. / © Benoît Renevey

Les maladies fongiques Rarement sélectionnées pour leur résistance aux maladies, les roses modernes sont souvent très sensibles aux attaques de champignons. Résoudre le problème avec la panoplie de fongicides proposée dans les grandes surfaces n'est pas une bonne idée : les parasites deviennent peu à peu résistants et il faut avoir recours à des doses de plus en plus élevées et des produits toujours plus puissants. Plutôt que d'empoisonner le jardin et y risquer sa santé, arrachez définitivement les variétés fragiles et remplacez-les par des rosiers anciens ou botaniques à toute épreuve ! Leur feuillage subira sans doute aussi quelques attaques, en particulier lorsqu'un temps chaud et humide persiste, mais ils parviennent à s'accommoder de ces agressions.

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Des taches sombres sur les feuilles ? Il s'agit sans doute du marsonia ou maladie des taches noires. La sensibilité à ce champignon a été importée en Europe par une variété cultivée de Rosa foetida, le rosier à fleurs jaunes. Le marsonia affecte surtout les roses modernes. / © Benoît Renevey

Les soins efficaces

Convaincu que« moins on traite, moins il y a de problèmes » , Alain Tschanz évite depuis cinq ans tout traitement phytosanitaire dans sa roseraie. Le bal des butineurs sur les roses épanouies est sa plus belle récompense.

Le rosiériste réalise uniquement des soins préventifs antifongiques sur les plantes en container, promises à la vente, et sur ses roses anglaises, plus délicates que les variétés anciennes et botaniques.

Extraits verts En prévention, Alain Tschanz a opté pour des soins à base d'extraits de plantes sauvages : l'ortie pour ses propriétés dynamisantes, la fougère insecticide, la consoude cicatrisante et la prêle efficace contre les champignons. « En pratique, je mélange ces quatre extraits et en pulvérise le feuillage des rosiers tous les 15 jours jusqu'à fin mai. Ce traitement donne d'excellents résultats. Je le conseille à tous ceux qui ne supportent pas d'avoir des rosiers amoindris. »

Entretien rosier sauvage maladies
Pulvérisation à base de cuivre sur une variété de rose sensible à l'oïdium et au marsonia. / © Hélène Tobler

Soufre et cuivre Dans le courant de l'été, on peut encore effectuer des pulvérisations préventives à base de cuivre ou de soufre sur les variétés sensibles à l'oïdium et au marsonia. La meilleure des préventions consiste toutefois à choisir des rosiers peu sensibles aux maladies et à leur offrir d'emblée un emplacement aéré et bien dégagé. Quant à l'arrosage, il n'est indispensable qu'à la plantation et en période de sécheresse.

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Couverture de La Salamandre n°204

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 204  Juin - Juillet 2011
Catégorie

Jardin

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