© Carole Reboul

Le rituel du perce-neige

Chaque printemps, la photographe Carole Reboul part en pèlerinage au sanctuaire des perce-neige. Un voyage spirituel qui se prolonge parfois jusqu’à la nuit.

Chaque printemps, la photographe Carole Reboul part en pèlerinage au sanctuaire des perce-neige. Un voyage spirituel qui se prolonge parfois jusqu’à la nuit.

Pour moi, tout commence par les perce-neige. Dès la fin de l’été je trépigne en pensant au printemps. Pendant les longs mois d’automne et d’hiver, je me projette mentalement vers mes prochaines rencontres florales. Je savoure cette attente en sachant d’avance le plaisir que j’y prendrai.
Février est enfin là. Comme chaque année, ma première sortie se fait au même endroit, sur le causse Méjean. Je ne changerais ce rituel cher à mon cœur pour rien au monde. Quand j’arrive sur place, je suis comme un enfant au matin de Noël. Seront-elles là, déjà écloses ? Rien n’est immuable dans la nature. Ouf, les voilà enfin ! Les clochettes de ces fleurs printanières dansent au gré du vent, au-­dessus de la neige. Elles ont à la fois un goût éphémère et éternel. D’un côté, l’hiver n’a pas dit son dernier mot. De l’autre, le printemps envoie ses premiers messagers délicats.

Ici, sur ce haut plateau, tout est symbole de renouveau. Ce sentiment fait écho à ma propre recherche, à mes aspirations. Je viens y puiser mon énergie. C’est le début d’une longue période de travail en photographie macro. Ce lieu m’inspire, me donne envie de prendre de nouvelles directions, d’évoluer d’année en année, à l’instar de ces fleurs. Elles ne sont jamais ni tout à fait identiques, ni au même endroit que l’année précédente.

Le couchant sublime la lumière. Difficile de partir en fin de journée. Cette fois, malgré le froid et le vent qui hurle entre les arbres, je décide de rester. Alors que le soleil se couche, je découvre une petite clairière, abritée par un cercle de rochers de plus de 2 m de hauteur, dans laquelle il faut descendre par un passage étroit. Autour, ce n’est que mousses, feuilles mortes, perce-neige et hépatiques à trois lobes. L’autel du printemps.

Curieuse impression d’être à la maison, alors que tout pourrait me paraître inhospitalier. Je passe la moitié de la nuit à me faire toute petite, à écouter les bruits des arbres, les oiseaux nocturnes parfois lointains, parfois tout proches, à surprendre une araignée funambule en chasse. La notion du temps n’est plus la même. Mon seul repère est l’inclinaison de la lune et sa lumière changeante sur les feuillages des arbres. Mes yeux habitués au noir sont captivés par les perce-neige qui tapissent ce lieu magique et reflètent la plus infime trace de lumière. J’ai l’impression d’être dans une forêt de lanternes magiques, s’agitant dans la brise comme pour signaler le début du printemps. Je me consacre à l’une d’entre elles. L’image se dessine toute seule, simplement, comme dans un rêve éveillé.

L’ABC du bouquet fleuri

Les photos macro de perce-neige et d'autres fleurs de Carole Reboul
© Carole Reboul

Le printemps est la meilleure saison pour reprendre les bases de la photographie et se lancer de nouveaux défis.

Trois conseils de Carole Reboul pour réussir ses clichés floraux sans casser la tirelire.

  • Premièrement, commencez par vous placer à hauteur de la fleur, pour capter la lumière en arrière-plan et restituer à la plante sa taille réelle.
  • Deuxièmement, ne commettez surtout pas l’erreur de trop vous approcher de votre sujet. Au contraire, laissez de l’espace pour dévoiler son environnement et donner de l’air à la composition.
  • Troisièmement, prenez le temps de regarder, de vivre l’instant, pour avoir une vraie émotion à partager. C’est souvent la clé du succès.

Fleur de lait

Les photos macro de perce-neige et d'autres fleurs de Carole Reboul
© Carole Reboul

« Galanthus nivalis est une plante vernale », énonce savamment l’encyclopédie. Autrement dit, le ou la perce-neige s’épanouit dès le début du printemps. Cela en perçant si nécessaire une faible couche de neige. Cette plante précoce appartient à la famille des amaryllidacées, comme les ails ou les narcisses. Son nom latin Galanthus dérive du grec galaktos, « lait », et anthos, « fleur ». Un clin d’œil de Linné à la couleur blanche de ses tépales.

Carole Reboul

La devise artistique de Carole ? Immortaliser les fleurs et les insectes en se mettant à leur hauteur. Pour cette auteure-photographe languedocienne, c’est le secret pour se sentir à sa place et parfaitement en communion avec la nature. Tel est aussi l’esprit de son dernier livre intitulé Effleurements (chez Lumières cévenoles, 2017).

Les secrets des fleurs sauvages

Les secrets des fleurs sauvages - Les fleurs des bois

Apprenez à reconnaître les premières fleurs du printemps dans la série documentaire Les secrets des fleurs sauvages, disponible sur SalamandreTV.

Couverture de La Salamandre n°250

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 250  Février - Mars 2019, article initialement paru sous le titre "Le rituel de la lanterne"

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