© Maxime Briola

La tentation du serpent

Mordu de reptiles, Maxime Briola rame à contre-courant afin de démonter les clichés sur les serpents. Pour surmonter ses peurs, rien de tel qu’un peu de curiosité.

Mordu de reptiles, Maxime Briola rame à contre-courant afin de démonter les clichés sur les serpents. Pour surmonter ses peurs, rien de tel qu’un peu de curiosité.

Je connais des gens qui ne peuvent pas tenir une revue ou un livre contenant des images de serpents. Même dans un magazine comme La Salamandre, je peux imaginer qu’un certain nombre de lecteurs n’appréciera pas totalement ce portfolio dédié aux coronelles, vipères et autres couleuvres. Pourtant, serpent n’est pas synonyme de sale bête. Et j’aimerais vous le prouver.

Serpent n’est pas synonyme de sale bête. Et j’aimerais vous le prouver.

Contrairement aux dauphins, loutres, castors ou chouettes, eux aussi haïs et pourchassés par le passé, les serpents ne bénéficient toujours pas d’un état de grâce. Depuis plusieurs siècles, leur réputation souffre de calomnie. Le mystère et le danger qu’ils représentent, tout comme leur aptitude à se déplacer silencieusement, suscitent phobies et superstitions infondées. Comme cette légende du serpent téteur de vaches, la fable de celui transformé en cerceaux pour attraper d’innocents promeneurs ou encore le mythe du cobra hypno­tiseur… Et si nous laissions une chance à ces créatures à la langue fourchue ?
Pour cela, il faut d’abord refuser de se laisser guider aveuglément par des idées reçues et rester curieux. J’ai moi-même fait cet exercice et ai découvert que les reptiles sont beaux, élégants et séduisants.

L’image ci-contre résume à la perfection les clichés qui collent à la peau des serpents. Que ressentez-vous ? Ma photo représente un mâle de couleuvre de Montpellier scrutant les alentours. Cette rencontre spectaculaire avec un serpent de 1,70 m de long récompense des heures de patience sur le terrain. Malheureusement, beaucoup n’y verront qu’une bête agressive prête à leur bondir dessus…

Cette rencontre spectaculaire avec un serpent de 1,70 m de long récompense des heures de patience sur le terrain.

Dans le cadre d’études scientifiques, je passe beaucoup de temps à observer et à manipuler ces géants méridionaux. Afin de les capturer plus facilement, j’ai souvent souhaité que l’un d’entre eux me fasse front au lieu de s’enfuir dans le dédale épineux des ronces. Pourtant, sur les centaines d’individus attrapés, aucun ne m’a jamais attaqué. Quant aux quelques morsures dont j’ai été la victime lors des manipulations, elles sont de bonne guerre et assez dérisoires comparées aux coups de griffes de matou.

Par mon travail photographique et mes conférences dans les écoles, je tente de corriger les préjugés en redorant le blason des serpents. Mon espoir ? Qu’un jour la rencontre avec ces animaux rampants ne soit plus perçue comme un danger mais comme un moment privilégié.

Regarder, ne pas toucher

La plupart des belles photographies de serpent présentées dans les livres ou sur la toile proviennent d’une mise en scène : le reptile est sorti des broussailles, mis en valeur puis photographié. Attention toutefois, car la loi interdit de capturer ces animaux. La manipulation sans mesure et sans savoir-faire risque de blesser voire tuer le serpent. Préférez donc le cliché au naturel ou renseignez-vous auprès de spécialistes. Maxime Briola, par exemple, réalise une bonne partie de ses images dans le cadre d’études scientifiques pour éviter de déranger inutilement couleuvres et vipères.

Tête de pioche !

A l’instar de beaucoup d’autres animaux, les reptiles souffrent de la raréfaction de leurs milieux de vie et de l’intensification du trafic routier. De plus, leur tête croise encore souvent le bord mal aiguisé d’une bêche ou le tranchant d’une pioche. Pire encore, une étude démontre que certains conducteurs font un crochet lorsqu’ils voient un serpent sur la route… Pas pour éviter le reptile, mais pour l’écraser.

Les serpents en photos sous l'objectif de Maxime Briola - La Salamandre
Maxime Briola

Maxime Briola

Classe 1977, Maxime Briola est né en Moselle. A l’âge de six ans, dans le Quercy, il voit son oncle sauver une couleuvre verte et jaune avec une pince à cornichons, un événement inoubliable. Pour montrer les serpents sous leur bon profil, il leur dédie aujourd’hui une exposition et un livre.

Combattez les clichets autour des serpents grâce à notre article 5 vérités sur les mythes autour des serpents.

Apprenez en plus sur les serpents avec notre dossier complet.

Couverture de La Salamandre n°245

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 245  avril - mai 2018

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