© Antoine Richard

Le grand frisson

Cuvettes glacées, les vallées d'altitude du Jura neuchâtelois renouvellent chaque hiver des températures extrêmes. Mieux vaut se vêtir à la mesure de l'aventure.

Cuvettes glacées, les vallées d'altitude du Jura neuchâtelois renouvellent chaque hiver des températures extrêmes. Mieux vaut se vêtir à la mesure de l'aventure.

La Corbatière, 17h. Le soleil convoite les sommets de la Roche aux Crocs. Des pentes enneigées aux façades des fermes, l'univers entier devient rose. Ce rose joyeux presse irrésistiblement à partir sous les étoiles en oubliant les recommandations : reviens avant la nuit, fais attention aux loups affamés, aux hordes de sangliers sanguinaires…

Un cri dans la nuit

Envoûté, on s'engage sur la neige colorée direction Sagne-Eglise. La lumière décline. Grandes silhouettes sombres, jamais les sapins n'ont été aussi impressionnants. Heureusement, la lune est là qui prend le relais pour illuminer la neige. Un houhou retentit… c'est une hulotte, gardienne nocturne de la forêt. Le chemin descend. Un autre cri ? Non, c'est le sifflet du train en route vers le village des Ponts-de-Martel. Le paysage s'ouvre. Et voici l'extrémité de l'infinie langue blanche de la vallée.

Encore un sifflet

Le pas s'emballe et s'égaie, les raquettes font voler la neige. Ce sont des pieds de géant qui dansent la sarabande illuminée de la déesse de la nuit… Mais un autre dieu surgit, plus terre à terre celui-là : le froid, qui devient piquant. Il faut fermer la veste et resserrer l'écharpe.
On franchit un fil posé par un paysan puis un chemin entre de longues tirades de blanc immaculé. Le doux sifflet d'une chouette de Tengmalm complète la panoplie des chants de la nuit hivernale.

Jura neuchâtelois, le grand frisson
Renard roux / © eresus-nature-greyo

Petit pont de pierres

Un renard est assis au bord de la petite route. Sa silhouette grossit à notre approche. On le dépasse à une trentaine de mètres. Soudain une pensée jaillit dans l'esprit dégrisé : un lynx ? Etait-ce un lynx, cette silhouette massive et fière ? On se retourne mais la bête a disparu, volatilisée.
Un pont de pierres franchit le ruisseau qui longe et partage la vallée en deux. La piste de ski de fond croise la nôtre. Une fine brume envahit la vallée, le froid devient incroyablement pénétrant. Par chance, le village est proche et le thé, les amis, aussi.

Jura neuchâtelois, le grand frisson
Bouleau pubescent / © Antoine Richard

Le roi de la vallée

S'il est un arbre qui m'émeut, c'est le simple bouleau qui occupe le centre géographique de la vallée des Ponts-de-Martel. Cet arbre solitaire veille impeccablement sur les sources ferrugineuses et sulfureuses et sur les méandres du Bied alentour.
Le sol pauvre et acide et les hivers glaciaux de cette vallée humide et fraîche conviennent parfaitement au bouleau pubescent. Comme les balais faits de ses rameaux, on l'appelle « biolle » dans la région. Il s'installe là où les drainages ont eu raison de la tourbière inondée. Son écorce blanche caractéristique se décolle en lambeaux horizontaux. Ses feuilles en cœur finement dentelées et son port svelte honorent la plupart des tourbières dites secondaires parce que partiellement asséchées. Il offre alors le gîte à une kyrielle d'habitants dont le très remuant et attachant pouillot fitis. Le chant un peu nostalgique de ce migrateur retentira dès son retour d'Afrique courant avril.

Itinéraire

Accédez à la carte détaillée de cette balade dans le PDF en bas de page.

Nuit glaciale (hiver seulement)

La Corbatière > La Sagne > Les Ponts-de-Martel

Durée: 3h

Dénivelé: 100 m de descente

  • Depuis l'arrêt de train CMN « La Corbatière » (1), descendre le chemin, traverser la route face à la splendide « Roche aux Cros »
  • Chausser les raquettes et se diriger en direction du sud-ouest au milieu de la vallée, en restant à découvert et en prenant garde à cheminer à droite du cours d'eau « le Bied ».
  • On peut aller jusqu'aux Ponts-de-Martel (2) ou écourter en prenant le train à « La Sagne », « Les Coeudres » ou « Petit-Martel ».

Le sentier du marais rouge et des sources

Les Ponts-de-Martel et retour

Durée:1h30

  • En face de la gare, prendre la rue du Bugnon puis le sentier à gauche (3).
  • Suivre les flèches rouges du sentier didactique. La mascotte Torby raconte la création de la tourbière, sa faune et sa flore si particulières.
  • Une longue passerelle court au-dessus du marais. Après la place de pique-nique, on revient sur le chemin pierreux.
  • Quitter le sentier didactique et prendre à gauche (4) jusqu'au chemin longeant le lit de la rivière (5).
  • Suivre à gauche puis prendre le sentier pédestre encore à gauche juste avant le pont. La source sulfureuse se trouve sur la droite à l'intérieur du méandre, la source ferrugineuse juste après le petit pont enchanteur. Toutes les deux sont indiquées.
  • Retour en rebroussant chemin, longer le Bied puis prendre à droite et suivre les balises jaunes.

Détails des sentiers des Ponts-de-Martel.

Accès en transports publics

Train CMN au départ de La Chaux-de-Fonds, nombreuses haltes – sur demande – le long de la vallée. Car postal depuis Neuchâtel ou Le Locle, horaires sur cff.ch

Hébergement et tuyaux gourmands

Gîte chez Isabelle et Francis Dubois, Plamboz, +41(0) 32 937 15 21

Gîte chez Cosette et Pierre-A. Benoît, Les Ponts-de-Martel, +41(0) 32 937 14 02

Dortoir au café-restaurant des Poneys aux Ponts-de-Martel, +41(0) 32 937 14 36

Deux autres café-dortoirs à La Sagne: au Petit-Sommartel (+41(0) 32 937 16 55 ) et au Grand-Sommartel (+41(0) 32 931 17 27)

Cuisine à l'ancienne et très belles chambres à l'Hôtel Von Bergen à La Sagne +41(0) 32 931 03 18

Les règles d’or

  • Ne pas marcher sur les pistes de ski de fond.
  • Ne pas s'écarter des sentiers existants pour limiter au maximum les dérangements sur la faune sauvage. Seule exception : les parcours très dégagés tels que ceux qu'emprunte l'itinéraire « Nuit glaciale ». Ils abritent rarement des animaux.
  • De bons souliers de marche, voire des guêtres et des raquettes, sont recommandés, car les sentiers peuvent être glissants.
  • Rester sur les chemins balisés pour assurer la tranquillité de la faune.

Astuce

Etre discret et surveiller les lisières à travers ses jumelles. Il arrive qu'on y découvre un renard ou quelques chevreuils assoupis en plein soleil.

Jura neuchâtelois, le grand frisson

Eclairage par Janine Bauermeister

Jura neuchâtelois, le grand frisson
Janine Bauermeister

Janine Bauermeister est née dans la vallée de La Sagne et des Ponts. Adolescente, elle abandonne ce lieu et ses merveilles qu'elle affectionne tant pour y revenir dix ans plus tard accompagnée d'un époux également passionné d'ornithologie. En hiver, cette secrétaire à la retraite contemple les oiseaux à la mangeoire, part pour de nombreuses excursions dans la vallée ou écrit des histoires pour ses petits-enfants.

A) La combe des Quignets « Dès février, l'entrée de la combe des Quignets est un lieu idéal pour écouter le chant des chouettes hulotte et de Tengmalm. Depuis la gare de La Sagne, il suffit de traverser la vallée en direction du terrain de football puis de suivre le chemin qui mène au Mont Dar, l'oreille aux aguets. »

B) Le sentier des statues à Marmoud « C'est un endroit très parcouru. Je conseille de s'y rendre aux heures creuses pour voir apparaître une à une à travers la forêt d'innombrables œuvres taillées dans les souches. Cette expérience forte est aussi un bon départ pour une excursion au Mont Racine qui offre une vue panoramique sur la plaine »

C) A la recherche des becs-croisés « Vous ne pouvez pas manquer nos perroquets miniatures très actifs en hiver puisqu'ils paradent autour du mois de novembre et couvent vers février-mars. Je vous conseille de remonter depuis La Sagne en direction du Communal puis de faire une boucle par La Corbatière, de traverser la vallée pour suivre la lisière opposée et revenir finalement au village. »

D) Le musée régional « Cet étonnant musée présente de nombreux trésors comme par exemple une collection d'œufs et d'oiseaux sauvages naturalisés. » La Sagne, immeuble de l'administration communale, rue du Crêt 103a, ouvert chaque 1er dimanche du mois de 13h30 à 17h00 ou sur rendez-vous (facilement) au +41 (0)32 931 51 06 ou +41 (0)32 931 78 27.

Couverture de La Salamandre n°201

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 201  Décembre 2010 - Janvier 2011
Catégorie

Balades

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