Il y a une décennie, la province italienne du Trentin, située à 60 kilomètres de la frontière suisse, a réintroduit dix ours. Retour sur une aventure exemplaire.
Pourquoi lâcher des ours dans le nord de l’Italie, aux portes de la ville de Trente, peuplée de 100’000 habitants ? Parce que là, dans le Parc naturel Adamello Brenta, survivaient les derniers individus des Alpes italiennes. Le dernier d’entre eux, un mâle de plus de 20 ans, s’y est éteint en 2002. « Une année plus tôt, on l’avait aperçu en compagnie d’une femelle réintroduite. Mais il n’y a pas eu de naissance », déplore Alberto Aprili, garde au Parc.
Noms évocateurs
La montagne résonne encore du souvenir du plantigrade. Val del Orso, passo del Orso, torrente del Orso... Pas moins de 50 noms de lieu évoquent la présence de l’animal dans le Parc. Les hommes conservent la mémoire de l’ours. Les apiculteurs protègent encore leurs ruchers avec des clôtures électriques. L’élevage ovin, source de conflit dans les siècles passés où il constituait l’unique richesse, se limite désormais à quelques gros troupeaux d’un millier de têtes. Les gens sont prêts à accueillir le plantigrade. Un sondage réalisé en 1997, deux ans avant le début des réintroductions, recueille 70% d’avis favorables.
En plaine
La forêt, vitale pour l’ours, a repris ses droits. Elle couvre le tiers des 620 km2 du Parc. De plus, la dolomie, roche truffée de cavités, offre nombre de tanières. Ici, ce n’est pas un problème si la forêt à ours s’arrête aux portes de Trente, la capitale de la province du Trentin. Ni si les coteaux sont couverts de vergers intensifs et les vallées vouées à l’industrie et à la viticulture. L’ours semble s’accommoder d’un paysage modelé par l’homme. Il essaime, il franchit fleuve et autoroutes, voies ferrées et complexes touristiques. Bel exemple d’un retour réussi.