© Jérôme Gremaud (photo désert et plaine), Tomi Muukkonen (photo milan)

20’000 km en 18 mois

Le point sur les derniers exploits et les stratégies contrastées de nos héros Salam et Milou, les deux milans noirs suivis par satellite.

Le point sur les derniers exploits et les stratégies contrastées de nos héros Salam et Milou, les deux milans noirs suivis par satellite.

En juin 2011, à l'initiative de La Salamandre, l'équipe du biologiste fribourgeois Adrian Aebischer attache un petit sac à dos high-tech de 22 grammes sur le dos de deux jeunes milans noirs âgés de 34 et 37 jours. Ces balises satellite doivent permettre leur localisation de manière très précise. Les allers-retours entre l'Europe et l'Afrique de ce beau rapace sont relativement bien connus. En revanche, on ignore ce que font les jeunes jusqu'au moment où ceux-ci reviennent nicher sous nos latitudes pour la première fois après trois ou quatre ans.

Aller-retour ou simple course ?

Le destin particulier de Salam et de Milou va-t-il enfin permettre de mieux cerner les déplacements migratoires de cette espèce migratrice? Le 25 juillet 2011, Salam disparaît du ciel fribourgeois. Adrian Aebischer suit de jour en jour la première migration d'un oiseau à peine âgé de 11 semaines. Les infos se succèdent sur milan-noir.net. Le 27 juillet au matin, il est à Lyon, puis à Montpellier à 17h. Le 6 août, Salam arrive en Afrique tandis que Milou, parti plus tard, survole l'Auvergne.
Le 28 septembre, Salam a déjà parcouru plus de 7000 km. Au nord du Mali, il fait plus de 30 °C. Le rapace exploite sans doute les grands essaims de criquets pèlerins favorisés par de récentes pluies.
Dans son blog, Adrian Aebischer s'enthousiasme pour les exploits de ses protégés. Il est surtout impressionné par les vagabondages que ces deux oiseaux décrivent dans le ciel africain. « Les quartiers d'hiver ne sont pas seulement des points précis où l'on se rend. Pour les milans noirs, ce sont de vastes zones de dizaines de milliers de kilomètres carrés qu'ils parcourent au gré des opportunités alimentaires. » Déjà durant le premier hiver, les stratégies diffèrent fondamentalement. Milou passe plusieurs mois à Dakar en compagnie de milliers de ses congénères. Pendant ce temps, Salam décrit un immense périple vers l'est qui l'emmène jusqu'au Niger.

Une visite surprise

A la mi-avril 2012, leurs parents couvent déjà certainement des œufs dans la campagne fribourgeoise. Tout indique que les deux jeunes vont rester tout l'été en Afrique... Coup de théâtre le 17 avril ! Milou pique plein Nord, traverse le Sahara en quatre jours, franchit Gibraltar le 7 mai, puis les Pyrénées trois jours plus tard. Il arrive en Suisse, d'abord dans le canton de Neuchâtel, puis à Fribourg. Les 2 et 3 juin, il séjourne tout près de son lieu de naissance, alors que Salam est à 4000 km de là ! Le 21 juin, l'oiseau quitte la région pour la Savoie, puis l'Auvergne avant de partir pour le Grand Sud une semaine plus tôt qu'en 2011. Pendant ce temps, Salam esquisse une migration tardive jusqu'au Sahara occidental, avant de rebrousser chemin.
Pourquoi ces parcours si différents ? Mystère ! En tout cas, « ces deux histoires illustrent la flexibilité individuelle énorme des migrateurs. Les oiseaux ne savent évidemment pas lire, ils ne s'intéressent pas aux généralités qu'on raconte sur eux et n'hésitent donc pas à contrarier nos théories. » Fin novembre, Salam est de retour à Dakar tandis que Milou se dirige à nouveau plein Est jusqu'au Bénin qu'il atteint quelques jours plus tard. A ce jour, cet oiseau affiche plus de 20'000 km au compteur. Ces prochaines semaines, pendant que les milans noirs adultes quitteront le ciel africain pour revenir nicher en Europe, que feront Salam et Milou ? Réponse sur milan-noir.net !

En savoir plus sur le travail des biologistes

Notre article L'Opération milan noir

Un enregistreur de 0,6 gramme

Impossible de placer un émetteur satellite de 20 grammes sur le dos d'une hirondelle rustique qui en pèse autant ! Des chercheurs de la Station ornithologique suisse associés à la Haute Ecole spécialisée de Berne sont parvenus tout récemment à contourner cette difficulté en mettant au point un géolocalisateur de 0,6 gramme. L'appareil hypersophistiqué et ultra léger ne gêne pas le vol des hirondelles. Il enregistre chaque jour l'heure précise du lever et du coucher du soleil, ce qui permet de déduire la position de l'oiseau. La recapture un an plus tard d'une partie des hirondelles équipées a permis de relever les données. On a ainsi découvert que presque toutes les hirondelles tessinoises passent l'hiver au Nigeria. De telles études fournissent des arguments précieux pour protéger les quartiers d'hiver des migrateurs européens.

Hirondelle rustique équipée d'un géolocalisateur ultra-léger (0,6 grammes). / © Chiara Scandolara

Adieu Max superstar !

14 ans le bel anniversaire que la cigogne hypermédiatisée aurait dû fêter autour du 20 mai prochain n'aura pas lieu. Son vol s'est brutalement interrompu en Espagne peu avant Noël. Max était l'animal objet d'un suivi satellitaire le plus long au monde. 35 grammes c'est le poids de l'émetteur satellite fixé le 5 juillet 1999 à Avenches sur le dos de cette cigogne alors âgée de sept semaines. Une première à l'époque pour la Suisse ! 2% ce que représentait le poids de la balise en comparaison de celui de son porteur. 28 août 1999 Max franchit pour la première fois le détroit de Gibraltrar. 3000 km la distance parcourue par Max en 26 jours jusqu'à son premier quartier d'hiver au nord du Maroc. 500 km la plus grande distance parcourue en un jour par la cigogne. Le 8 septembre 2007, un fort vent arrière lui permet de rallier en une seule étape Lausanne à Narbonne. 31 jeunes le nombre de cigogneaux élevés avec succès par Max de 2002 à 2012 en Allemagne, tout près du lac de Constance.

La cigogne Max, célèbre cigogne femelle suivie par satellite durant de nombreuses années. / © Musée d'Histoire naturelle de Fribourg

Suivez en direct le voyage de Milou dont la localisation est enregistrée grâce à une balise satellite. Quelle sera sa prochaine destination?

Couverture de La Salamandre n°214

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 214  Février - Mars 2013
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