© Nathan Horrenberger

Dans l’œil du faucon

Un jeune crécerelle prépare son premier vol dans la douce lumière de l’aube. L’heureux photographe est au rendez-vous pour le grand jour.

Un jeune crécerelle prépare son premier vol dans la douce lumière de l’aube. L’heureux photographe est au rendez-vous pour le grand jour.

Allongé dans les herbes, je suis occupé à photographier des papillons lorsqu’un mouvement rapide en lisière d’une haie d’aubépines me fait lever la tête. C’est un lièvre ! Je crois qu’il ne m’a pas repéré… Alors que je prépare mon téléobjectif, il fonce droit sur moi puis change brusquement de direction. Il est maintenant tout proche. Juste le temps de faire la mise au point et le voilà figé dans sa course.

Après cette belle rencontre, je rejoins une ancienne carrière qui surplombe un talus où niche un couple de guêpiers. En scrutant la falaise aux jumelles, je découvre quatre jeunes faucons crécerelles blottis dans une anfractuosité. Tout en restant à distance, j’installe ma longue-vue.

L’envol est imminent !

Je remarque qu’ils sont presque débarrassés de leur duvet blanc. L’envol est imminent ! L’un d’eux s’avance justement au bord de l’aplomb rocheux et bat énergiquement des ailes. Les trois autres, plus prudents, restent bien au fond du nid.

Quelques jours plus tard, je retourne sur place dans l’espoir de photographier ces rapaces. Difficile de sortir du lit à 3h30 mais il faut absolument que je sois installé avant l’aube. Arrivé dans la pénombre, je me place sur la corniche de ce petit cirque rocheux, adossé à un arbuste. Camouflé sous un filet, je ferai partie du paysage avant même les premières lueurs du jour. Les oiseaux devraient accepter cette masse informe et immobile.

Il est bientôt 5h30. Petit à petit, l’horizon s’éclaircit. Le nid paraît vide. Aux alentours, aucune activité. Le doute s’installe, suis-je revenu trop tard ? Une heure passe, toujours rien… Soudain, un léger frottement d’ailes se fait entendre dans mon dos. Je n’ose pas me retourner. Mais à travers une maille du filet, j’aperçois dans le reflet de l’écran de mon boîtier un jeune faucon à quelques mètres de moi. J’attends qu’il ne regarde plus dans ma direction pour me retourner délicatement. Miracle, il ne bronche pas.

C’est un vrai bonheur de voir ces animaux évoluer comme si je n’étais pas là.

C’est à ce moment précis que le soleil commence à se lever. Un deuxième individu pointe rapidement son bec, grimpant tant bien que mal le long de la paroi verticale. Je comprends qu’ils prennent de la hauteur pour pouvoir s’envoler. Les jeunes rapaces semblent totalement m’ignorer et se toilettent avec insouciance. Je suis probablement le premier humain qu’ils croisent de près mais déguisé comme je le suis, j’ai plutôt l’allure d’un buisson !

C’est un vrai bonheur de voir ces animaux évoluer comme si je n’étais pas là. Après une vingtaine de minutes à nettoyer leur plumage et malgré une appréhension apparente, les deux jeunes finissent par prendre leur envol. Je repars après eux comme si de rien n’était, heureux d’avoir vécu ces instants uniques.

Précautions indispensables

Par sa simple présence dans la nature, le photographe dérange. Il doit en être conscient et tout faire pour limiter au strict minimum son impact sur la faune. Les rapaces sont particulièrement sensibles aux perturbations humaines, à plus forte raison en période de reproduction. C’est pourquoi Nathan Horrenberger a choisi de ne pas approcher le nid tant qu’il était occupé, préférant rater un cliché exceptionnel que de mettre en péril une nichée. Quelle serait en effet la crédibilité d’un photographe qui prétend réaliser des images pour sensibiliser à la protection de la nature s’il ne respectait pas ses sujets ?

Détecteur de rongeurs

Facilement repérable à son vol sur place caractéristique dit du Saint-Esprit, le faucon crécerelle est l’un des rapaces les plus communs des campagnes. Il occupe parfois d’anciens nids de corneilles ou de pies car il n’en construit pas lui-même. Il loge aussi dans les nichoirs, sur les falaises ou de vieux édifices tels que châteaux, clochers ou ruines. Campagnols, lézards, petits passereaux et gros insectes composent son régime alimentaire. Sa capacité à voir dans l'ultraviolet lui permet de détecter les rongeurs grâce à leurs marques urinaires. Après l’envol, les jeunes faucons sont encore nourris par leurs parents pendant 15 à 30 jours. Les adultes réduisent peu à peu les apports pour que leur progéniture apprenne à chasser.

Dans l’œil du faucon, photos nature - La Salamandre nathan horrenberger
Nathan Horrenberger

Nathan Horrenberger

nhphoto.fr

Etudiant en Master d’Ecologie

Nathan est rédacteur stagiaire à La Salamandre depuis septembre 2016. Il a grandi dans les Alpes-de-Haute-Provence et souhaite partager par ses images sa passion pour la nature.

Après le faucon crécerelle, continuez avec l'envol du gypaète en photo.

Couverture de La Salamandre n°240

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 240  Juin - Juillet 2017
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