© David et Stéphanie Allemand

Avec les vautours fauves du Verdon

David et Stéphanie Allemand ont choisi les gorges du Verdon pour photographier les majestueux vautours fauves. lls y planent à nouveau depuis leur réintroduction en 1999. Histoire d'un envol réussi.

David et Stéphanie Allemand ont choisi les gorges du Verdon pour photographier les majestueux vautours fauves. lls y planent à nouveau depuis leur réintroduction en 1999. Histoire d'un envol réussi.

Le jour se lève sur le petit village de Rougon, niché à flanc de falaise au cœur des gorges du Verdon. C’est ici, dans ce Parc naturel régional, que se trouve le fief du vautour fauve. Il est vraiment spectaculaire d’observer ce géant du ciel planer sur ce Grand Canyon provençal.

Aujourd’hui, notre prospection commence par un promontoire rocheux où se trouvent les vestiges d’un ancien château. Mais c’est plus haut, à la Crêperie de Rougon, que la vue est la meilleure. Le site se trouve face aux volières installées pour la réintroduction de ces rapaces charognards. Deux fois par semaine, la Ligue pour la protection des oiseaux dépose à leur intention des carcasses mises à disposition par des éleveurs. Nous nous éloignons de cette aire protégée et rejoignons le bord de la falaise.

Nous attendons toujours leur envol assis au bord des falaises vertigineuses.

Posés en contrebas, des centaines de vautours attendent que les conditions météorologiques soient favorables au décollage. Si le vent souffle avec force dès l’aube, les fauves s’envolent tôt. En revanche, s’il n’est pas de la partie, les grands planeurs attendent la formation des thermiques générées par le soleil.
A 10 h, toujours pas un filet d’air. Nous attendons toujours leur envol assis au bord des falaises vertigineuses. La vue sur les gorges creusées par les eaux du Verdon est extraordinaire. Crave à bec rouge, grand corbeau, tichodrome, aigle royal, vautours percnoptère et moine… tant de créatures fascinantes habitent ce territoire si particulier !

Le décollage est l’instant le plus intéressant pour nos clichés. Pas facile d’ailleurs d’immortaliser ce moment éphémère.

A 10 h 20, un premier vautour fauve se lance enfin dans le vide sans préavis… Le reste de la colonie ne tarde pas à le suivre. Les charognards tournoient dans les airs en dessinant des cercles. Certains descendent en spirales puis remontent jusqu’à nous, jouant avec le vent. Parfois en solitaires, d’autres en couple mais aussi en grands groupes. Car ces oiseaux sont avant tout grégaires.

Le décollage est l’instant le plus intéressant pour nos clichés. Pas facile d’ailleurs d’immortaliser ce moment éphémère. La plus grande partie des vautours s’étant envolée, notre espoir repose sur un individu posté sur la falaise à la même hauteur que nos objectifs. Alors que ses compères planent dans l’azur, lui attend. Regarde le ciel. Hésite. Nous gardons l’œil collé au viseur, chaque seconde peut être la bonne. Les minutes passent, interminables. Puis, d’un coup, le fauve écarte les ailes et défie l’abîme. 3-2-1… Décollage ! Cerise sur le gâteau, le rapace entraîne dans son élan une superbe arabesque de neige.

Comblés par cette observation splendide, nous admirons la légèreté et la grâce de ces danseurs célestes. Ce spectacle féerique est totalement silencieux hormis le sifflement de leurs ailes gigantesques flirtant avec le vent. La magie de ces moments renvoie à l’enfance, où on découvre tout avec émerveillement. En haut des falaises, on voyage aussi dans le temps…

Propos recueillis par Alessandro Staehli

Vautours comme retour

Disparu de Provence il y a plus d’un siècle, le vautour fauve a bénéficié d’un programme de réintroduction dans le Parc naturel régional du Verdon. Douze vautours se sont élancés de leur volière le 16 octobre 1999 sur la commune de Rougon. Puis six lâchers ont suivi jusqu’en 2004. Aujourd’hui, une centaine de couples du rapace nichent dans les gorges. Globalement, leur population ne cesse d‘augmenter, la LPO comptabilisant plus de 300 individus au total sur ce site exceptionnel.

Vacances d’été

Le vautour fauve n’aurait jamais niché en Suisse. Mais ses incursions se font de plus en plus fréquentes, surtout en été. Depuis quelques années, un nombre croissant d’individus erratiques estive régulièrement dans la région du Kaiseregg, dans les Préalpes fribourgeoises. Il y en avait au moins une cinquantaine en juillet dernier. Cette augmentation reflète le succès de la réintroduction du rapace en France.
Le 2 juillet 2015, un vautour a été photographié sur une carcasse de chamois au-dessus du village de Jaun (FR). L’oiseau avait été marqué avec une bague colorée dans les Gorges du Verdon en 2014… Quatre jours auparavant, il était encore à Rougon, à 320 km plein sud.

Le retour des vautours dans le Verdon
David et Stéphanie Allemand

David et Stéphanie Allemand

david-allemand.com

  • 1970 Naissance de David à Salon-de-Provence (13)
  • 1974 Naissance de Stéphanie à Arcachon (33)
  • 2013 Sortie du livre Verdon, d’autres visages
  • 2015 Guides-photographes pour des croisières polaires
Couverture de La Salamandre n°231

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 231  Décembre 2015 - Janvier 2016, article initialement paru sous le titre "Un fauve qui vaut le tour"

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